Manifestation d’écoliers d’Ottawa, février 1916, Le Droit, Université d’Ottawa, CRCCF, Fonds Association canadienne-française de l’Ontario (C2), Ph2-144c.

Coutoisie de l’Université d’Ottawa, Centre de recherche en civilisation canadienne-française (CRCCF).

[Ottawa Student Strike], February 1916, Le Droit, University of Ottawa, CRCCF, Fonds French Canadian Association of Ontario (C2), Ph2-144c.
Courtesy of the University of Ottawa, Centre for Research on French Canadian Culture (CRCCF).

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En 1912, le gouvernement ontarien adopte une mesure visant à interdire l’usage du français et à faire de l’anglais la principale langue d’enseignement dans les écoles élémentaires fréquentées par les élèves franco-ontariens. Le Règlement XVII limite l’enseignement en français et son usage comme langue de communication aux deux premières années du primaire. Dès la promulgation du règlement, les Franco-Ontariens s’organisent et livrent une lutte pour conserver leurs droits scolaires. Les principaux chefs laïcs et ecclésiastiques de l’Ontario français dénoncent le Règlement XVII. Fondée en 1910, l’Association canadienne-française d’éducation d’Ontario (ACFEO) prend la tête du mouvement. La lutte s’organise d’abord dans les écoles. La Commission des écoles séparées d’Ottawa (CESO) prend l’initiative de la résistance en donnant la consigne à ses enseignants de continuer à enseigner en français comme avant. La plupart des commissions scolaires bilingues de la province décident de suivre l’exemple de la CESO.

Afin de contrer la résistance franco-ontarienne, le ministère de l’Éducation de l’Ontario réplique dès le mois d’octobre 1912 en publiant le Règlement XVIII, qui menace de représailles les commissions scolaires, les enseignants et même les élèves récalcitrants. Mais l’ACFEO demeure sur ses positions et demande aux Franco-Ontariens de poursuivre la résistance. D’autre part, les Franco-Ontariens doivent également affronter des catholiques de langue anglaise. En effet, la majorité des élèves franco-ontariens se retrouve dans le réseau des écoles catholiques séparées. Or de nombreuses commissions scolaires séparées à majorité anglophone refusent de collaborer avec les commissaires franco-ontariens. En fait, le clergé catholique est fortement divisé sur la question scolaire. Dans plusieurs diocèses, les évêques anglophones demandent que le Règlement XVII soit appliqué dans leurs commissions scolaires séparées. Mais le clergé franco-ontarien refuse d’obtempérer. Mgr Élie-Anicet Latulipe, le seul évêque catholique francophone, appelle les Franco-Ontariens à la résistance. Ces derniers obtiennent également l’appui du clergé et des milieux nationalistes québécois. Cependant, le pape Benoît XV demande aux catholiques de l’Ontario de faire preuve d’unité.

De 1916 à 1927, la lutte pour les droits scolaires des francophones prend une nouvelle forme. En effet, un mouvement dirigé par le sénateur Napoléon-Antoine Belcourt milite en faveur des droits scolaires de la minorité franco-ontarienne. En 1923, la Unity League, formée de nombreux députés, de journalistes et d’universitaires anglophones d’influence, est créée. Cet organisme contribue à rallier l’opinion publique anglophone à la cause franco-ontarienne. En 1925, le premier ministre conservateur de l’Ontario, Howard Ferguson, accepte de créer une commission d’enquête afin de trouver une solution à la crise scolaire. En 1927, à la suite du dépôt du rapport de la commission Scott-Merchant-Côté, le gouvernement ontarien établit un système d’écoles primaires bilingues où le français devient la principale langue d’enseignement. Le Règlement XVII ne disparaîtra des statuts de la province qu’en 1944, faute d’avoir été reconduit.

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Regulation 17

In 1912, the Ontario government adopted a measure with the aim of prohibiting the use of French and making English the main language of instruction in elementary schools attended by Franco-Ontarian students. Regulation XVII limited instruction in French and its use as a language of communication to the first two years of elementary school. Upon the enactment of the regulation, Franco-Ontarians organized and waged a battle to maintain their educational rights. Prominent French Ontario secular and religious leaders denounced Regulation XVII. Founded in 1910, the Association canadienne-française d’éducation d’Ontario (“French-Canadian Educational Association of Ontario”, ACFEO) led the movement. The fight was first organized in the schools. The Commission des écoles séparées d’Ottawa (“Ottawa Separate School Commission”) (CESO) took the initiative by giving its teachers the signal to continue teaching in French, as before. Most bilingual school boards in the province decided to follow the example of the CESO.

The Ministry of Education of Ontario countered the Franco-Ontarian resistance by publishing Regulation XVIII that declared that, as of the month of October 1912, school boards, teachers, and even recalcitrant students would be threatened by reprisals. But ACFEO stood its ground and asked Franco-Ontarians to continue the resistance. In any case, the Franco-Ontarians also had to contend with English speaking Catholics. The majority of Franco-Ontarian students is found in the separate Catholic school system. Indeed, a number of separate school boards of the Anglophone majority refused to collaborate with Franco-Ontarian commissioners. In fact, the Catholic clergy was strongly divided on the school issue. In many dioceses, Anglophone bishops are asking that Regulation XVII be applied in the separate school boards. But the Franco-Ontarian clergy refused to comply. Archbishop Élie-Anicet Latulipe, the only French Catholic bishop, called for Franco-Ontarian resistance. They also had the support of the clergy and Québec nationalists. However, Pope Benedict XV requested that the Ontario Catholics show unity.

From 1916 to 1927, the fight for the educational rights of Francophones took on a new form. Indeed, a movement led by Senator Napoléon-Antoine Belcourt advocated for the educational rights of the Franco-Ontarian minority. In 1923, the Unity League, formed by many influential Anglophone elected representatives, journalists and academics, was created. This organization helped to rally English public opinion to the Franco-Ontarian cause. In 1925, the Conservative premier of Ontario, Howard Ferguson, agreed to create a commission in order to find a solution to the school crisis. In 1927, following the recommendations of the Scott-Merchant-Côté Commission the Ontario government established a bilingual primary school system where French was the main language of instruction. Regulation XVII would only disappear from the provincial statutes in 1944, when it failed to be renewed.

Le Règlement XVII (2012), Université d’Ottawa, Centre de recherche en civilisation canadienne-française (CRCCF).
Source

Centre de recherche en civilisation canadienne française (CRCCF) de l’Université d’Ottawa

Le CRCCF s’intéresse à la société et à la culture des communautés francophones de l’Amérique du Nord d’hier et d’aujourd’hui. Il mène des activités de recherche et de diffusion du savoir en plus de conserver et de mettre en valeur une riche collection de ressources documentaires. Dans le monde de la recherche universitaire sur les francophonies canadiennes, le CRCCF se distingue par le développement en synergie de ces trois volets d’activité : archives, recherche et publications.

Centre for Research on French Canadian Culture at the University of Ottawa

The Centre for Research on French Canadian Culture (Centre de recherche en civilisation canadienne-française or CRCCF) of the University of Ottawa was founded in 1958 and offers a range of specialized services to the university, faculty and students, as well as the public at large. An abundance of research material (textual documents, photographs, audio and video tapes, newspapers and periodicals) on French Canada is available at the Centre’s archives.


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