Brûlé approche du Lac Supérieur, 13 mars 1987, Graphisme : Frederick Hagan, Typographie : J.F. Britton, Bibliothèque et Archives Canada (Ottawa).

Courtoisie de la Société canadienne des postes.

Brûlé Nears Lake Superior, March 13, 1987, Graphism: Frederick Hagan, Typography: J.F. Britton, Library and Archives Canada (Ottawa).

Courtesy of Canada Post Corporation.

Apprenez-en plus! / Learn more!

FR / EN

Étienne Brûlé, truchement ou interprète de Samuel de Champlain, est un personnage peu connu de l’histoire de la Nouvelle-France. Il n’a laissé aucuns écrits et on connaît, de son vivant, que très peu de choses à son égard. Son récit de vie, aussi mince soit-il, a cependant fait l’objet d’une métamorphose intéressante au cours des 400 dernières années. Présenté parfois comme traître, parfois comme héros, Brûlé fascine par ses scandales, ses exploits, et par le mystère qui entoure sa mort.  Il est aujourd’hui célébré comme le premier Français à avoir habité le territoire de la province de l’Ontario actuelle et certains voient en lui le premier Franco-Ontarien.

La vie de Brûlé

On connaît avec certitude quelques faits seulement sur Étienne Brûlé. Comme il n’a laissé aucun écrit, ces faits nous sont relatés par ses contemporains : Champlain, le récollet Gabriel Sagard et les jésuites Jean de Brébeuf, François-Joseph Le Mercier et Paul Le Jeune. Étienne Brûlé est né en 1592, en France, vraisemblablement à Champigny-sur-Marne près de Paris. Il arrive en Nouvelle-France en 1608 à l’âge de 16 ans et compte parmi les premiers habitants de Québec. En 1610, Champlain l’envoie hiverner chez les Algonquins, avec le chef Iroquet. Les Algonquins hivernent en Huronie cette année là, ce qui permet à Brûlé de se familiariser avec la langue huronne et qui fait de lui le premier européen à visiter le territoire actuel de l’Ontario, un élément de sa vie auquel certains historiens accorderont beaucoup d’importance. Brûlé devient ainsi un « truchement », terme qui signifie à peu près « intermédiaire », ainsi qu’un interprète au service de Champlain. En 1615, lors d’une expédition commandée par Champlain, Brûlé quitte le groupe pour suivre certains Hurons jusque chez les Andastes, une nation qui habite la côte est des Etats-Unis actuels *. En 1618, Brûlé revoit Champlain et lui raconte longuement ses aventures, publiées par la suite dans l’ouvrage de 1619 de ce dernier. Brûlé poursuit ensuite sa vie de truchement au milieu des nations amérindiennes, avec les mauvaises mœurs que lui attribuent les récits de ses contemporains. En 1629, Brûlé assiste les frères Kirke dans la prise de Québec, action pour laquelle Champlain le critique vertement. Lorsque la colonie française est rétablie, et que Champlain regagne Québec, Brûlé n’est plus. Il serait mort assassiné en Huronie au cours de l’hiver de 1632-1633. […]

Reconnaissance patrimoniale et identitaire en Ontario français

Tel que le démontre l’historiographie, le personnage est présenté sous divers angles par les historiens. Toutefois, il existe, au-delà de l’histoire formelle, un culte de ce « héros » de la Nouvelle-France, notamment en Ontario français. Il s’agit d’une évolution tardive du parcours patrimonial du personnage, qui se reflète par la place qu’il occupe dans certaines publications de nature plus « amateur » telles une bande dessinée produite par la Société historique de Toronto *, ou la publication de la FESFO, Notre histoire *, dans laquelle Étienne Brûlé est présenté comme le premier « Franco-Ontarien ». Sur le site Web de la province il était, jusqu’à récemment, présenté comme un héros *. Après vérification, la section dans laquelle on retrouve Brûlé s’intitule dorénavant « Annuaire des célébrités ontariennes » *.

Sa pertinence pour l’Ontario se traduit aussi dans le patrimoine bâti. Trois écoles de la province portent son nom, dont une de langue française. Il s’agit de l’école secondaire Étienne-Brûlé de North-York qui est la première école secondaire du Grand Toronto fondée en 1969, la Etienne Brulé Junior School de Etobicoke, et l’Étienne-Brûlé Public School de Sault-Ste-Marie.  Il existe aussi un parc dédié à Brûlé à Toronto, ainsi que le belvédère Étienne Brûlé dans le parc de la Gatineau.

La valeur patrimoniale de Brûlé, tant comme simple personnage historique de la Nouvelle-France, qu’en tant que premier Franco-Ontarien, évolue au gré des contextes et de la transformation des mœurs sociétales. L’intérêt que présente Brûlé pour l’histoire de l’Ontario français et, plus particulièrement, la date de sa première visite sur le territoire actuel de l’Ontario (1610), est manifeste. De même, le fait que le nom de Brûlé peut être associé aujourd’hui à un lieu de formation, telle une école, indique l’évolution des normes comportementales de la société d’origine française au Canada. Au XIXe siècle, le code de conduite acceptable suivait des normes catholiques bien établies. Un Français qui avait choisi de vivre à l’amérindienne, que l’on a décrit comme vicieux et adonné aux femmes, et qui a trahi la France pour aider l’Angleterre, s’inscrivait assez difficilement dans le panthéon des héros… Aujourd’hui, en s’appuyant sur les mêmes faits et gestes, ce personnage est perçu comme un Français aventureux, courageux et audacieux.

FR / EN

Étienne Brulé, despite being an occasional sidekick to Samuel de Champlain, is an obscure character in the history of New France. He left no writings and we know very little about his life. The accounts of life, as few as they may be, have nonetheless have undergone many changes in the last 400 years. Sometimes presented as a traitor and at other times a hero, people are fascinated by his scandals, his achievements, and the mystery surrounding his death. Today, he is celebrated as the first French settler to have lived in the territory that is now the province of Ontario. Some view him as the founder of the French-speaking community in Ontario.

Brûlé’s Life

We can be certain about very few facts regarding Étienne Brulé’s life. Because he left no writings, these facts are recounted by his contemporaries (Champlain, Récollet Gabriel Sagard and the Jesuits Jean de Brébeuf, François-Joseph Le Mercier and Paul Le Jeune). Étienne Brûlé was born in 1592, in France, probably in Champigny-sur-Marne close to Paris. He arrived in New France in 1608 at the age of 16 and was one of the first inhabitants of Quebec City. In 1610, Champlain sent him to spend the winter with the Algonquins with chief Iroquet. That year, the Algonquins were spending the winter in Huronia (or land of the Hurons). This allowed Brûlé to become familiar with the Huron language and also made him the first European to visit the territory that is now the province of Ontario. This fact is considered to be very important for many historians. Brûlé became an intermediary and an interpreter for Champlain, relaying and translating messages. In 1615, during an expedition ordered by Champlain, Brûlé left the group in order to follow some of the Hurons to what is now the East coast of the United States. At that time, the area was inhabited by a tribe the French called the Andastes *. In 1618, Brûlé saw Champlain again and gave an account of his adventures, which were subsequently published in one of Champlain’s works in 1619. Brûlé continued his work as an intermediary, working with various Native groups. During this period, his contemporaries often described him as employing “crude ways”. In 1629, he helped the Kirke brothers capture Quebec City, an act sharply criticised by Champlain. When Champlain and the French regained the colony, Brûlé was already gone. He was apparently assassinated in Huronia during the winter of 1632-1633. […]

Recognition of Heritage and French Cultural Identity in Ontario

Brûlé is presented from different angles by historians. However, beyond formal history, he has developed a following that considers him as a hero from New France. This is especially the case of French-speaking Ontario. It is a fairly recent development, which demonstrates the importance he is given in amateur publications. For example, the Toronto Historical Society produced a comic strip in which he figures as the main character *and the Féderation de la Jeunesse Franco-Ontarienne FEFSO [Franco-Ontarian Youth Federation] also gives a positive spin on Brulé in a publication called Notre Histoire *, in which he is presented as the first Franco-Ontarian. On the province’s web site, he was, until recently, presented as a hero *. Upon verification, it was discovered that the section in which he appeared was formerly called the Annuaire des Célébrités Ontariennes [List of Famous Ontarians] *.

Brûlé’s importance for Ontario is also reflected in the names of various buildings. His name appears in the names of three schools in the province, including one French-language school. The École Secondaire Étienne Brûléof North York, founded in 1969, was the first French-language secondary school in the Greater Toronto Area. Étienne Brûlé Junior High School of Etobicoke and Étienne Brûlé Public School of Sault-Ste-Marie are English-language schools. There is also a park named after him in Toronto as well as an observation point in Parc de la Gatineau.

Whether he should simply be considered a French historical figure or as the first Franco-Ontarian, his significance has evolved as the social context and customs have changed over the years. What is particularly important for Franco-Ontarians is the 1610 date of Brûlé’s first visit to the territory that is now known as the Province of Ontario. Furthermore, the fact that various educational institutions are named after him shows just how much the societal norms of French Canadians have changed over time. In the 19th century, the accepted code of conduct closely followed well-established norms established by the Church of Rome. The fact that he was a Frenchmen who had decided to live like one of the natives was not well received among his own people. Thus, he was described as a “vicious individual with a weakness for women” and as someone who betrayed France to help England. Consequently, it was difficult to consider him worthy of a hero status. However, considering the same facts today, Brûlé is now considered as being adventurous, courageous and audacious if not even “noble”.

Encyclopédie du patrimoine culturel de l’Amérique française, 2007:
Extrait de l’article « Étienne Brûlé, premier Franco-Ontarien » par Stéphanie St-Pierre
Source

* Pour plus d’informations sur les sources citées dans cet article / For more information about the sources cited in this article:
Source

Bibliothèque et Archives Canada

Le mandat de la Bibliothèque nationale du Canada est de collectionner, de conserver et de promouvoir le patrimoine publié du Canada. Située dans le même immeuble que les Archives nationales, la collection de la Bibliothèque nationale possède plus de 10 millions d’articles, dont des livres, des périodiques, des publications fédérales et provinciales, des journaux et des répertoires canadiens, des livres rares, des manuscrits littéraires et de la littérature canadienne pour enfants et pour adultes. La collection musicale spéciale comprend le piano de Glenn Gould. Des expositions, des conférences, des spectacles, des lectures et des films sont aussi présentés.

Library and Archives Canada

The mandate of the National Library of Canada is to collect, preserve and promote Canada’s published heritage. Housed in the same building as the National Archives, the National Library’s collection has over 10 million items including books, periodicals, provincial and federal publications, Canadian newspapers and directories, rare books, literary manuscripts and Canadian adult and children’s literature. The special music collection includes Canadian composer Glenn Gould’s piano. Exhibitions, lectures, concerts, readings and films are also presented.


Info: 395 Wellington Street, Ottawa, ON, K1A 0N4
Tel: 613-992-9988
http://www.collectionscanada.ca/