Le Collège du Sacré-Coeur (Sudbury), c. 1930, artiste inconnu, Université d’Ottawa, CRCCF, Fonds Collection générale du Centre du recherche en civilisation canadienne-française (C38), Ph123ph1-I-139.

Coutoisie de l’Université d’Ottawa, Centre de recherche en civilisation canadienne-française (CRCCF).

[Sacred Heart College] (Sudbury), c. 1930, Artist Unknown,  Fonds Centre for Research on French Canadian Culture (CRCCF) General Collection (C38), Ph123ph1-I-139.

Courtesy of the University of Ottawa, Centre for Research on French Canadian Culture (CRCCF).

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La mise en place de l’institution

Le rêve de l’établissement d’un collège d’enseignement classique circule dans la région de Sudbury depuis de nombreuses années, soit dès l’arrivée du chemin de fer qui a conduit à l’ouverture de terres agricoles et à la venue d’une nombreuse population canadienne-française.*  En 1886, le père Hormidas Caron, s. j., curé de la Paroisse Sainte-Anne, première paroisse catholique sudburoise, achète 300 acres de terrain de la compagnie du Pacifique Canadien, en vue de l’établissement éventuel d’un collège. En 1905, le R. P. Édouard Lecompte, s. j., supérieur de la mission canadienne des Jésuites, obtient l’assentiment de l’évêque titulaire du diocèse de Sault-Ste-Marie, Mgr David Joseph Scollard, pour la création d’une telle institution. Des pétitions et des requêtes sont ensuite soumises à diverses autorités gouvernementales et ecclésiastiques pour appuyer le projet. […]

Le 25 mars 1912, le père général des Jésuites donne son approbation pour la construction d’un collège classique à Sudbury. La construction du nouveau collège commence donc sur le site réservé à cette fin par les pères Jésuites, à l’angle de l’avenue Notre-Dame et de la rue Kathleen, dans le quartier toujours connu sous le vocable Moulin à fleur (Flour Mill en anglais), afin de souligner la présence d’un tel moulin et des silos tout près du site de construction. Ce quartier est maintenant reconnu comme étant le secteur majoritairement francophone de la ville de Sudbury, au même titre que les quartiers de Vanier à Ottawa ou de Saint-Boniface à Winnipeg. […]

La charte du Collège du Sacré-Cœur

Adoptée par l’Assemblée législative de l’Ontario le 20 avril, 1914, la Charte du Collège du Sacré-Cœur* établit les droits et les pouvoirs des autorités collégiales. Le ministre Charles McCrea joue un rôle de premier plan dans l’adoption de cette loi provinciale.

L’autorité du Collège du Sacré-Coeur a le droit :

  • d’établir et de maintenir des Facultés, des Collèges universitaires, des Universités, des Observatoires, et d’autres institutions équivalentes;
  • d’entreprendre et de développer l’étude des langues, de l’histoire, de la philosophie, et des autres disciplines du savoir.

L’autorité du Collège a le pouvoir :

  • d’établir et de diriger dans la ville de Sudbury et ailleurs en la Province d’Ontario, des Collèges universitaires ou des Facultés… où les étudiants peuvent acquérir l’éducation libérale des arts et des sciences;
  • d’organiser l’étude, le travail, la recherche dans ces disciplines… Afin de promouvoir la cause de l’éducation, soit générale et professionnelle, soit technique;
  • de décerner certificats et diplômes;
  • Afin d’atteindre les objectifs et fins de la dite autorité.*

Le document législatif a été à l’origine de la création de l’Université de Sudbury à la fin des années 1950. Il a d’ailleurs été l’objet de nombreuses discussions en ce qui a trait à la création d’une université franco-ontarienne.

La fréquentation du Collège

[…] En cette première année, on compte 72 étudiants inscrits au Collège du Sacré-Cœur. Au fil des ans, les chiffres se sont maintenus dans les centaines. Par exemple, 203 étudiants sont inscrits au Collège en 1939, 262 en 1942 et 327 en 1947. La majorité de ces étudiants sont des pensionnaires (par exemple 240 sur 318 en 1952), alors que les autres sont des externes. Les élèves proviennent principalement de la région du moyen nord ontarien, dont les districts de Sudbury (Sudbury, Chelmsford, Noëlville, Chapleau) et de Nipissing (Sturgeon Falls, North Bay). Plusieurs arrivent des districts de Cochrane, Temiskaming et Algoma, alors que d’autres viennent du sud de la province ou d’ailleurs (Québec, Saskatchewan).
Les premiers finissants du cours classique dispensé au Collège reçoivent leur diplôme en 1922. On compte parmi eux Antonio Cantero, futur médecin et directeur de l’Institut du cancer de Montréal, Membre de la Société royale du Canada, Léon Lalande et Herman Fournier, futurs avocats, Gérard Fauteux, Denis Janisse et Denis Maurice.

Une mémoire à préserver

Le Collège du Sacré-Cœur ferme ses portes en 1967, au moment même où la province de l’Ontario se prépare à financer l’enseignement secondaire en français, période de questionnement important en Ontario français.*

Le Collège du Sacré-Cœur fait partie du patrimoine culturel de la vie française à Sudbury et de l’Ontario français, tant par sa présence physique en tant que point rassembleur de la communauté franco-ontarienne que par son rayonnement dans plusieurs sphères de l’activité humaine. Un ancien du Collège, Maurice Fredette, résume bien la mission éducative des pères jésuites dans le Nord de l’Ontario :

Le rôle du Collège! De nos jours, ce rôle est assez semblable à l’ancien : sauvegarder la langue française dans un milieu anglais. Je regarde le Collège comme étant une institution qui veille surtout à former des hommes et qui se préoccupe moins de ce que les élèves sachent par cœur toutes les notions étudiées. L’important n’est pas d’apprendre par cœur faits et formules, mais de savoir juger et comprendre. Le rôle du Collège est de former des hommes capables de lutter pour le français et pour la religion, des hommes capables de servir dans la société.*

Dans Le Lien*, un ancien du collège termine son témoignage avec le souhait « Ad multos annos! » Malgré la fermeture de ses classes, l’enseignement classique dispensé par les pères jésuites au Collège du Sacré-Cœur continue d’avoir des retombées positives sur l’ensemble de la société franco-ontarienne. Le Collège du Sacré-Cœur survit à l’épreuve du temps. […]

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SACRED HEART COLLEGE,  SUDBURY

A College is Founded

The dream of founding a classical college had been in the air in Sudbury since the railroad opened up new agricultural lands and attracted an influx of French-Canadians.*  In 1886 the Jesuit Hormidas Caron, priest of Sudbury’s first Catholic parish, Sainte-Anne, bought 300 acres of land from the Canadian Pacific Railway for this purpose. But the dream would wait until 1905 when Monsignor David Joseph Scollard, titular bishop of the diocese of Sault-Ste-Marie, authorized R.P. Édouard Lecompte, the superior of the Canadian Jesuit mission, to create a college. Petitions and requests for support were then submitted to various Church and government authorities. […]

On March 25, 1912 the Superior General of the Jesuits gave the go-ahead to build a classical college in Sudbury. Construction began on the site set aside by the Jesuit fathers at Notre-Dame and Kathleen in a neighbourhood known as the Flour Mill (Moulin à fleur in French), after the nearby silos and mill. Today, the area is well known as Sudbury’s main French-speaking neighbourhood, much like Saint-Boniface in Winnipeg and Vanier in Ottawa. […]
The College Charter

On April 20, 1914, the Ontario legislature adopted the Charte du Collège du Sacré-Cœur * setting out the rights and responsibilities of the college administrators. Provincial MLA Charles McCrea was influential in getting this law passed.

The administration of Sacred Heart College was entitled to

  • establish and maintain faculties, university colleges, universities, observatories and other such institutions;
  • undertake and develop the study of languages, history, philosophy and other fields of knowledge.

The college administration had the authority to

  • establish and superintend, in the city of Sudbury and elsewhere in the province of Ontario, university colleges or faculties…where students could acquire a liberal education in the arts and sciences;
  • organize study, work and research in these disciplines…so as to promote education be it general, vocational or technical;
  • grant certificates and diplomas;
  • in order to fulfil the objectives of ends of the said administration.*

This legislation led to the creation of the University of Sudbury in the late 1950s and was the topic of considerable debate regarding the establishment of a Franco-Ontarian university.

The Student Body

[…] Seventy-two students registered in the college’s first year. As time went by, the number climbed into the hundreds, where it remained. For example, 203 students attended in 1939, 262 in 1942 and 327 in 1947. Most were boarders—240 out of 318 in 1953—while the rest were day students. They came mainly from mid-northern Ontario districts like Sudbury (Sudbury, Chelmsford, Noëlville, Chapleau) and Nipissing (Sturgeon Falls, North Bay). Some came from the districts of Cochrane, Temiskaming and Algoma, while others travelled from southern Ontario and as far as Quebec and Saskatchewan.

The first students to complete their classical education at Sacred Heart College graduated in 1922. Among them were Antonio Cantero, a future doctor who went on to become director of the Montreal Cancer Institute and a member of the Royal Society of Canada; Léon Lalande and Herman Fournier, who were called to the Bar; Gérard Fauteux, who became a Supreme Court Justice; and distinguished citizens Denis Janisse and Denis Maurice.

A Legacy to Preserve

Sacred Heart College closed its doors in 1967—a period of self-examination for Franco-Ontarians—as the province of Ontario prepared to fund French-language secondary education.*  The college is an important part of the cultural heritage of Sudbury and French-speaking Ontario, both as a physical institution that brought the Franco-Ontarian community together and through the far-reaching impact of its teaching in many spheres of endeavour. Alumnus Maurice Fredette ably sums up the educational mission of northern Ontario’s Jesuit Fathers:

The College’s role? Nowadays it’s pretty much the same as at the beginning: preserve the French language in an English environment. I see the college as an institution dedicated mainly to young men’s overall development rather than rote learning. The important thing isn’t memorizing facts and formulas, but learning how to make judgements and to understand. The college’s role is to educate men able to stand up for the French language and the Catholic religion, men who are useful to society.*

In Le lien*, another alumnus brought his parting words to a close with a wish expressed in Latin: Ad multos annos. Despite the closing of the college, the positive impact of the classical education dispensed by the Jesuit Fathers of Sacred Heart College continues to be felt throughout the Franco-Ontarian community. Sacred Heart College has withstood the test of time. […]

Encyclopédie du patrimoine culturel de l’Amérique française, 2007:
Extrait de l’article « Collège Sacré-Coeur de Sudbury » par Pierre Riopel
Source

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Centre de recherche en civilisation canadienne française (CRCCF) de l’Université d’Ottawa

Le CRCCF s’intéresse à la société et à la culture des communautés francophones de l’Amérique du Nord d’hier et d’aujourd’hui. Il mène des activités de recherche et de diffusion du savoir en plus de conserver et de mettre en valeur une riche collection de ressources documentaires. Dans le monde de la recherche universitaire sur les francophonies canadiennes, le CRCCF se distingue par le développement en synergie de ces trois volets d’activité : archives, recherche et publications.

Centre for Research on French Canadian Culture at the University of Ottawa

The Centre for Research on French Canadian Culture (Centre de recherche en civilisation canadienne-française or CRCCF) of the University of Ottawa was founded in 1958 and offers a range of specialized services to the university, faculty and students, as well as the public at large. An abundance of research material (textual documents, photographs, audio and video tapes, newspapers and periodicals) on French Canada is available at the Centre’s archives.


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Tel: 613-562-5877
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