École Guigues (Ottawa), c. 1970, Studio C. Marcil, Université d’Ottawa, CRCCF, Fonds Union du Canada (C20), Ph20-25.

Courtoisie  l’Université d’Ottawa, Centre de recherche en civilisation canadienne-française (CRCCF).

[Guigues School] (Ottawa), c. 1970, Studio C. Marcil, University of Ottawa, CRCCF, Fonds Union du Canada (C20), Ph20-25.

Courtesy of Courtesy of the University of Ottawa, Centre for Research on French Canadian Culture (CRCCF).

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Devant l’ancienne école Guigues, à Ottawa, deux plaques commémoratives, l’une de la Ville d’Ottawa, l’autre de la Fiducie du patrimoine ontarien, témoignent de la lutte épique des francophones de l’Ontario pour la sauvegarde de leurs écoles et le maintien du français comme langue d’enseignement. Les plaques rappellent que l’école Guigues fut un centre du mouvement en faveur des droits de la minorité en Ontario lorsque le gouvernement lança, en 1912, une directive, couramment appelée le Règlement 17, limitant l’éducation en langue française aux deux premières années d’école primaire. Le tollé de protestations, notamment à l’école Guigues en 1915-1916, força le gouvernement à modérer sa politique et en 1927, les écoles bilingues furent officiellement reconnues.

Un rôle marquant, un symbole majeur

L’École Guigues a joué un rôle de premier plan dans le développement de l’identité et de la mémoire franco-ontarienne. Centre d’éducation des jeunes Franco-Ontariens et Franco-Ontariennes pendant plus d’un siècle, l’école Guigues est l’une des écoles françaises les plus connues en Ontario français. L’école, tantôt de garçons, tantôt mixte, a été dirigée pendant une centaine d’années par les Frères des écoles chrétiennes, et pendant quelques années, au tournant du XXe siècle, par les Sœurs de la Charité d’Ottawa.

Située dans la basse-ville d’Ottawa, rue Murray, les origines de l’école remontent à 1864. Érigée par la Commission des écoles séparées catholiques d’Ottawa, elle porte d’abord le nom d’école centrale puis elle est renommée « école Guigues » en 1889, en honneur de monseigneur Joseph-Eugène-Bruno Guigues, o.m.i., premier évêque d’Ottawa. Vu le nombre grandissant d’étudiants, un nouveau bâtiment– en pierre et en brique cette fois – est construit en 1904. Au fil des années, l’école a accueilli des milliers d’élèves et plusieurs de ses finissants ont occupé d’importants rôles de leadership dans la communauté franco-ontarienne. Cependant, ce qui distingue cette école française de l’Ontario de toutes les autres, c’est son rôle dans le mouvement de résistance des Franco-Ontariens à l’inique Règlement 17 qui restreignait l’enseignement en français dans les écoles ontariennes.

Diane et Béatrice Desloges : héroïnes de la lutte contre le Règlement 17

Natives d’Ottawa, les sœurs Diane Desloges et Béatrice Desloges, enseignantes à l’école Guigues, refusent dès la rentrée des classes en 1915 de se conformer au Règlement 17, défiant ainsi la directive ministérielle [du ministère de l’Éducation de l’Ontario] qui restreint l’enseignement en français aux deux premières années du primaire. Puisque les deux enseignantes s’opposent vigoureusement au règlement, la commission scolaire temporaire (surnommée « Petite Commission »), constituée par le gouvernement provincial, leur interdit l’accès à l’école Guigues dès le mois d’octobre. Les institutrices Desloges, avec l’appui des parents et de la communauté, décident d’ouvrir des classes clandestines dans une « école libre » située dans le sous-sol d’une chapelle, puis ensuite dans les locaux d’un édifice commercial. Elles maintiennent leur opposition, même quand les autorités provinciales refusent de verser leur salaire et révoquent leur brevet d’enseignement. L’école Guigues se vide et les enseignantes embauchées pour remplacer les soeurs Desloges se retrouvent seules !

Les journaux francophones et anglophones de l’époque racontent les exploits des soeurs Desloges et des manifestations publiques sont organisées. Après quelques mois d’instabilité, les parents en ont assez et une mobilisation populaire de désobéissance civile s’organise. Des femmes – en grande partie des mères de famille – prennent d’assaut l’école et suite à la bataille dite « des épingles à chapeaux », des enseignantes et des mères commencent le long siège de « l’école de la résistance ».

La résistance s’organise

Le mardi 4 janvier 1916, un groupe de mères armées de ciseaux et d’épingles à chapeau réussissent à occuper l’école Guigues et montent également la garde à l’entrée.* La Petite Commission réagit aussitôt et obtient une injonction ordonnant aux demoiselles Desloges de quitter immédiatement l’école, faute de quoi elles seront arrêtées et jetées en prison. Mais les sœurs Desloges refusent d’obtempérer et poursuivent leur enseignement aux élèves pendant deux jours, protégées par des mères de famille qu’on surnomme les « gardiennes de l’école ». Le soir, tout le monde rentre chez soi.

Coup de théâtre au matin du vendredi 7 janvier : des policiers attendent les sœurs Desloges et leurs « gardiennes » à l’intérieur de l’école et tentent de les empêcher d’entrer. Des parents, hommes et femmes, réussissent quand même à pénétrer dans l’école avec un groupe d’élèves qui, à leur tour, font entrer les sœurs Desloges par une fenêtre. Une assemblée se déroule ensuite à l’intérieur, alors que le président de la Petite Commission, André Charbonneau, tente de faire reconnaître la légitimité des nouvelles enseignantes qu’il a nommées pour remplacer les sœurs Desloges. Mais le contraire se produit. Les parents présents obtiennent plutôt la démission de Charbonneau et ils l’expulsent de force de l’école. Ce même après-midi du 7 janvier, le président du Conseil des écoles séparées d’Ottawa, Samuel Genest, vient saluer la victoire des parents.

À partir de ce jour, les « gardiennes de l’école » restent en poste jour et nuit et les demoiselles Desloges reprennent l’enseignement dès le lundi suivant. Puis l’affaire prend de l’ampleur. À la fin du mois de janvier 1916, débute une série de manifestations des élèves francophones d’Ottawa, notamment le 31 janvier, lorsqu’ils se rendent en délégation à la mairie d’Ottawa pour réclamer le paiement des salaires de leurs enseignants. Sans résultat.

L’Association canadienne-française d’éducation d’Ontario (ACFEO) et le Conseil des écoles séparées d’Ottawa (CÉSO) adoptent alors une stratégie encore plus agressive. Les écoles de la CÉSO ferment d’abord leurs portes, puis, le 11 février 1916, les 4 300 élèves en grève du réseau paradent dans les rues d’Ottawa en brandissant des pancartes et en entonnant une chanson contre le Règlement 17 sur l’air bien connu de It’s a long way to Tipperary, que fredonnent tous les militaires – rappelons que nous sommes alors en pleine Première Guerre mondiale. À l’instar des élèves des autres écoles bilingues de la ville, les élèves de l’école Guigues participent à cette grande manifestation devant le Parlement canadien et dans les rues de la ville.

Diverses manifestations se succèdent ainsi jusqu’au printemps 1916, pendant que les « gardiennes des écoles » maintiennent leur vigile jusqu’en juin dans les écoles en grève. En effet, afin de prévenir toute tentative de la part des administrateurs provinciaux de révoquer le personnel enseignant, des groupes de femmes, le plus souvent des mères d’élèves, montent la garde, sous le leadership des sœurs Diane et Béatrice Desloges, devant l’établissement scolaire, armées de leurs épingles à chapeaux. Enfin, les écoles ouvrent de nouveau leurs portes à l’automne 1916, pour la rentrée scolaire. En novembre de la même année, le Conseil privé de Londres, c’est-à-dire l’instance suprême de la justice canadienne, déclare la Petite Commission illégale. La CÉSO peut donc reprendre ses activités normales et payer les arrérages des enseignants.

Le dernier épisode de cette lutte épique survient lorsque les contribuables anglophones poursuivent le président de la CÉSO pour avoir verser le salaire dû aux enseignants. C’est finalement l’intervention du pape en personne, Benoît XV, interdisant aux catholiques de l’Ontario de se poursuivre entre eux pour des questions de langue, qui mettra un terme aux procédures judiciaires. Comme le dossier n’est pas réglé sur le fond, la CÉSO continuera de s’opposer au Règlement 17. La crise se résorbe en 1921 et les écoles bilingues sont officiellement reconnues en 1927.

 Processus de mise en valeur patrimoniale de l’école Guigues

L’école Guigues a reçu ses lettres de noblesse lors des évènements liés à la résistance au Règlement 17. Une amicale est fondée en 1920 qui demeurera très active jusqu’aux années 1950. En 1979, une fête est organisée pour célébrer les 75 ans de l’édifice historique. Des journées portes ouvertes accueillent alors des centaines de visiteurs et un cahier-souvenir est offert à cette occasion. Un bémol vient cependant assombrir cette fête puisqu’à l’été 1979, le conseil scolaire annonce la fermeture de l’école due à une baisse des inscriptions. L’immeuble, jugé excédentaire par le conseil scolaire, sera donc loué au cours des années 1980.

Sur une période de quinze ans, de 1979 à 1994, les efforts menés pour la sauvegarde de l’ancienne école Guigues, sont nombreux. Vu l’importance historique et symbolique de l’immeuble, plusieurs projets sont élaborés pour lui donner une nouvelle mission : centre culturel, centre de théâtre, centre d’archives. Malheureusement, toutes ses tentatives échouent. L’état de l’école désaffectée, sans locataire et restée sans chauffage depuis la fin des années 1980, demeure critique. Il faut désormais agir rapidement. De sorte que lorsque l’ancienne école Guigues est mise en vente par la section catholique du Conseil scolaire de langue française d’Ottawa-Carleton, en 1992, un groupe de personnes, des intervenants et intervenantes en patrimoine franco-ontarien, se réunit au Regroupement des organismes du patrimoine franco-ontarien (ROPFO) pour discuter de la situation.

L’école Guigues étant un symbole important pour la communauté franco-ontarienne dans sa lutte pour l’obtention de ses droits scolaires, où se sont déroulés tant d’évènements clés de la lutte en faveur de l’enseignement en français en Ontario lors du règlement 17, tous reconnaissent alors qu’il est important de protéger ce patrimoine bâti. On organise sur-le-champ un comité de sauvegarde et on prépare des rencontres publiques et privées avec les médias, le grand public et les autorités publiques. Le comité se donne pour mission, entre autres, de solliciter des acheteurs francophones et de veiller à ce que l’édifice ne soit pas démoli dans l’immédiat. Un sous-comité des « nouvelles dames gardiennes », formé de cinq intervenantes, est la face publique du comité de sauvegarde.

Après des mois d’efforts, un acheteur privilégié se manifeste : le Centre polyvalent des aînés francophones d’Ottawa-Carleton (CPAFOC). C’est finalement en 1994 que cet organisme signe le contrat d’achat de l’ancienne école. La direction du Centre de jour y établit ses locaux tout en signant un partenariat avec un entrepreneur afin d’aménager des condominiums aux étages supérieurs. Le coût des rénovations s’élèvent à 4 millions $; tous les paliers de gouvernements sont mis à contribution et la communauté franco-ontarienne souscrit la somme d’environ un demi-million de dollars grâce à une vigoureuse campagne de financement. De concert avec la direction du CPAFOC, un comité veille à ce que l’école soit rénovée selon les normes du patrimoine bâti, s’assure qu’une aire patrimoniale soit établie (conception d’une exposition historique permanente et désignation de salles nommées en l’honneur d’illustres Franco-Ontariens et Franco-Ontariennes d’Ottawa), et voit à la création d’un fonds d’archives.

L’immeuble est rénové en 1996-1997 et le Centre de jour, rebaptisé « Centre de jour Guigues » ouvre enfin ses portes. L’ouverture officielle a lieu le 30 mai 1997 en présence de plusieurs centaines d’invités. Une aire patrimoniale permanente est ainsi dévoilée et un cahier-souvenir est lancé ce jour-là. Une fierté bien légitime se lit sur tous les visages. Soixante-dix ans après la sauvegarde de l’enseignement en français en Ontario, l’école Guigues est sauvée à son tour.

Notons enfin que la détermination des sœurs Desloges leur a valu l’admiration de la communauté franco-ontarienne et a fait de ces deux enseignantes un symbole tangible et durable de la résistance au règlement 17. En 1997, la francophonie ottavienne qui n’a pas oublié le rôle joué par les deux enseignantes, donne à une nouvelle école secondaire d’Orléans, dans la banlieue d’Ottawa, le nom Béatrice-Desloges en hommage à l’héroïne.

L’école Guigues, un élément phare de l’enseignement franco-ontarien

En définitive, l’occupation de l’école Guigues constitue l’expression la plus spectaculaire d’une stratégie de résistance communautaire. Le dévouement et le courage des enseignants lors des luttes pour l’enseignement en français aux élèves franco-ontariens sont exceptionnels, tout comme la défense de leur école par des mères de famille : l’affaire fortement symbolique des « épingles à chapeaux » aura si bien galvanisé l’opposition au règlement 17 que le tollé de protestations qui s’ensuit oblige le gouvernement à modérer sa politique. En contribuant à la sauvegarde de l’enseignement en français en Ontario, l’école Guigues est donc un symbole fort de l’identité franco-ontarienne.

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GUIGUES SCHOOL OF OTTAWA

In front of the old Guigues elementary school in Ottawa, two historic plaques, one erected by the City of Ottawa and the other by the Ontario Heritage Trust, bear witness to the epic battle Ontario francophones fought to save their schools and conserve French as a language of instruction in their province. The plaques serve as a reminder that the Guigues elementary school was at the heart of a movement to protect minority rights in Ontario at a time when, in 1912, a provincial directive commonly known as Regulation 17 ordered that French-language education be limited to the first two years of elementary school. An outcry of protests, notably at the Guigues elementary school in 1915-1916, forced the government to soften its policy and, in 1927, bilingual schools were officially recognized in Ontario.

A predominant role, a major symbol

Guigues elementary school has played a significant part in the development of a Franco-Ontarian identity and collective memory. Serving as an educational centre for young Franco-Ontarians for over a century, the Guigues elementary school is one of the most well-known French schools in French Ontario. The school, which for a time was for boys only and then coeducational, was run for a hundred years by the Brothers of the Christian Schools, and also for a few years at the turn of the 20th century by the Sisters of Charity of Ottawa.

The school, located on Murray Street in Ottawa’s Lower Town district, was originally opened in 1864. Built by the Ottawa Roman Catholic Separate School Board, it is initially called the Central School, but in 1889 it is renamed “l’école Guigues” [Guigues elementary school] in honour of Monsignor Joseph-Eugène-Bruno Guigues, O.M.I., Ottawa’s first bishop. With an increasing number of pupils, a new school is built of stone and brick in 1904. Over the years, the school has welcomed thousands of students and many of its graduates have gone on to become important leaders of the Franco-Ontarian community. However, what sets this Ontario French-language school apart from all the others is its predominant role in the Franco-Ontarian resistance movement against the unjust Regulation 17 that greatly restricted the teaching of French in Ontario schools.

Diane and Béatrice Desloges: heroines in the struggle against Regulation 17

Right from the start of the 1915 school year, two sisters, Diane Desloges and Béatrice Desloges, natives of Ottawa and both teachers at the Guigues elementary school, refuse to implement the provisions of Regulation 17, thus defying the ministerial order [issued by the Ontario ministry of Education] that limits teaching in French to the first two years of elementary school. Because the two teachers vigorously oppose the Regulation, in October, a temporary school board appointed by the provincial government (nicknamed “Petite Commission” or Small Board), bans them from entering the Guigues elementary school property. The Desloges sisters, with the support of some parents and members of the community, decide to open clandestine classes in a “free school” located in a church basement and later in a commercial building. They maintain their steadfast opposition, even after the provincial authorities refuse to pay them their salaries and revoke their teaching certificates. Students leave the Guigues elementary school in droves and the teachers hired to replace the Desloges sisters soon find themselves alone in the empty building!

Both French and English newspapers of the period report on the exploits of the Desloges sisters, and public protests are organized. After a few months of uncertainty, the parents decide they have had enough and a popular movement of civil disobedience is launched. A group of women – for the most part the mothers of pupils – storm the Guigues School and, after what comes to be known as the “battle of the hatpins,” a few teachers and mothers undertake a long siege of the “school of resistance.”

The resistance becomes organized

On Tuesday, January 4th, 1916, a group of mothers armed with scissors and hatpins manage to occupy the Guigues elementary school and begin guarding the school’s entrance.* The Small Board reacts swiftly and obtains a court injunction ordering the Desloges sisters to immediately leave the school grounds or face arrest and imprisonment. But the Desloges sisters refuse to obey and, protected by the mothers of their pupils known as the “school guardians,” they continue teaching for two days. At night, the pupils, the staff and the guardians go home.

On Friday, January 7th, there is a sensational turn of events: inside the school, policemen are waiting for the Desloges sisters and their “guardians” and they try to prevent them from entering the building. But some parents, both men and women, manage nevertheless to gain access to the school with a group of pupils. They, in turn, allow the Desloges sisters to enter the school through a window. A meeting takes place inside the school while the Small Board’s president, André Charbonneau, tries to get the protesters to accept the new teachers that he has appointed to replace the Desloges sisters. But the opposite happens. The parents at the school force Charbonneau to resign and physically remove him from the premises. Later that same day, Samuel Genest, the chairman of the Ottawa Catholic Separate School Board, arrives in the afternoon to hail the victory of the parents.

From that day on, the “school guardians” remain at their post day and night and the Desloges sisters resume teaching the following Monday. The movement gains momentum. At the end of January 1916, French students in Ottawa take part in a series of protests, and in particular one held on January 31st, where they send a delegation to City Hall to demand that the salaries owed to their teachers be paid. Their pleas go unheeded.

The Association canadienne-française d’éducation d’Ontario (ACFEO) [French-Canadian Association for Education in Ontario] and the Ottawa Roman Catholic Separate School Board (ORCSSB) decide to adopt an even more aggressive strategy. The schools of the ORCSSB shut down and, on February 11th, 1916, 4,300 striking students from these schools march in protest in the streets of Ottawa waving signs and singing a song against Regulation 17 to the tune of “It’s a long way to Tipperary.” World War I is raging at the time, and this popular song serves as a rallying cry for all those in uniform. Joining the ranks of the students of all the other bilingual schools in the city, the pupils of the Guigues elementary school take part in this protest march in front of the Parliament of Canada and in the streets of Ottawa.

A number of protests take place, one after the other, until the spring of 1916, while the “guardians of the school” maintain their vigil in the schools on strike until June. In order to thwart any attempt by the provincial authorities to expel the teaching staff, groups of women, mostly the mothers of pupils, remain on guard in front of the school armed with their hatpins, led by Diane and Béatrice Desloges. Finally, with the beginning of the school year in the fall of 1916, the schools are reopened. In November of the same year, the Privy Council of London, at that time the highest court in Canada’s justice system, rules that the Small Board is illegal. Consequently, the ORCSSB resumes its normal activities and pays the teachers their salaries in arrears.

The last chapter of this epic struggle unfolds when anglophone ratepayers take the chairman of the ORCSSB to court over his decision to authorize the payment of the teachers’ salaries in arrears. It takes the personal intervention of the pope, Benedict XV, who orders Ontario Catholics not to take legal action against each other for questions pertaining to language rights, to put an end to the legal proceedings. But, since the issue at the heart of the matter is still not settled, the ORCSSB continues its opposition to Regulation 17. The crisis finally comes to an end in 1921 and bilingual schools in the province are officially recognized in 1927.

The road to celebrating the heritage of the Guigues elementary school

The Guigues elementary school earned its badge of honour during the events surrounding the opposition to Regulation 17. A council of friends of the school was founded in 1920 and remained very active until the 1950s. In 1979, a celebration marks 75 years of the historic building with open house days, during which hundreds of people visit the school and receive a copy of a souvenir booklet produced for the occasion. However, a dark cloud casts its shadow over the event since, in the summer of 1979; the school board announces the school’s closure due to declining enrolment. The building, deemed surplus to requirements by the school board, is rented out during the 1980s.

Over a period of fifteen years, from 1979 to 1994, many efforts are made to preserve the old Guigues elementary school. Because of the building’s historic and symbolic importance, several potential projects are put forward to give it new life: cultural centre, theatre centre, archive. Unfortunately, all of these attempts prove unsuccessful. The condition of the decommissioned school, which remains without a tenant and unheated since the end of the 1980s, deteriorates to a critical state. Swift action is required. In 1992, when the old Guigues elementary school is put up for sale by the Catholic division of the Conseil scolaire de langue française d’Ottawa-Carleton [Ottawa-Carleton French-language school board], a group of individuals concerned about Franco-Ontarian heritage conservation meets with the Regroupement des organismes du patrimoine franco-ontarien (ROPFO) [Network of Franco-Ontarian Heritage Organizations] to discuss the situation.

The Guigues elementary school being an important symbol for the Franco-Ontarian community of its struggle to have its education rights recognized, and also the scene of so many key events in the fight for French-language education in Ontario during the time of Regulation 17, everyone is keenly aware of the need to protect this heritage building. A committee to save the school is formed on the spot, and private and public meetings are organized with the media, the public, and civic authorities. As part of its objectives, the committee prevents the building from being demolished in the short term while it searches for suitable francophone buyers for the school. Five female activists form a subcommittee of “new women guardians” that becomes the public face of the committee to save the school.

After months of efforts, an ideal buyer, a francophone seniors’ day care centre, the Centre polyvalent des aînés francophones d’Ottawa-Carleton (CPAFOC), comes forward with an offer. Finally, in 1994, this organization signs a contract to purchase the former school. The adult day care centre’s administration sets up its offices in the building and enters into a partnership with a contractor to renovate the upper floors into condominiums. The cost of these renovations rises to $4 million; every level of government signs on to the project and the Franco-Ontarian community raises approximately half a million dollars through an aggressive fund-raising campaign. Working with the CPAFOC’s management, a committee oversees the renovations to ensure that they conform to heritage building standards and that they include a heritage space (designing a permanent historical exhibition and naming some of the rooms for famous Franco-Ontarian men and women from Ottawa). This committee also undertakes the establishment of an archive.

The building is renovated in 1996-1997 and the adult day programme centre, le Centre de jour, renamed “Centre de jour Guigues,” is finally opened. The official opening takes place on May 30th, 1997, before a crowd of several hundred guests. The unveiling of a permanent heritage space and the launch of a souvenir booklet mark the occasion. All those present at the celebration are beaming with pride, and with good reason. Seventy years after saving French-language education in Ontario, the Guigues elementary school is also finally saved.

The determination of the two Desloges sisters earned them the admiration of the entire Franco-Ontarian community and turned them into a symbol of the resistance to Regulation 17. In 1997, the francophone community of Ottawa, which has never forgotten the key role played by these two teachers, named a new high school opened in Orléans, a suburb of Ottawa, Béatrice-Desloges in honour of these heroines.

 The Guigues elementary school, a central element in the teaching of Franco-Ontarian history

The occupation of the Guigues elementary school is a spectacular illustration of a grassroots resistance strategy. The teachers demonstrated exceptional devotion and courage during the struggle to ensure French-language education for Franco-Ontarian students, as did the mothers of the children who mustered to defend the school. The highly symbolic “hatpins” incident so galvanized the opposition against Regulation 17 that the ensuing outcry of protests forced the provincial government to soften its policy. Through its contribution to saving French-language education in Ontario, the Guigues elementary school serves as a strong symbol of Franco-Ontarian identity.

Encyclopédie du patrimoine culturel de l’Amérique française, 2007:
Extrait de l’article « École Guigues d’Ottawa » par Jean Yves Pelletier
Source

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Centre de recherche en civilisation canadienne française (CRCCF) de l’Université d’Ottawa

Le CRCCF s’intéresse à la société et à la culture des communautés francophones de l’Amérique du Nord d’hier et d’aujourd’hui. Il mène des activités de recherche et de diffusion du savoir en plus de conserver et de mettre en valeur une riche collection de ressources documentaires. Dans le monde de la recherche universitaire sur les francophonies canadiennes, le CRCCF se distingue par le développement en synergie de ces trois volets d’activité : archives, recherche et publications.

Centre for Research on French Canadian Culture at the University of Ottawa

The Centre for Research on French Canadian Culture (Centre de recherche en civilisation canadienne-française or CRCCF) of the University of Ottawa was founded in 1958 and offers a range of specialized services to the university, faculty and students, as well as the public at large. An abundance of research material (textual documents, photographs, audio and video tapes, newspapers and periodicals) on French Canada is available at the Centre’s archives.


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