Jeanne Lajoie, enseignante à Warran, Azilda Naughten, Blezard Valley puis à l’écocle Jeanne d’Arc de Pembroke (1923-1926) pendant le Règlement XVII, surnommée « Pucelle de Pembroke », ca. 1923, Université d’Ottawa, CRCCF, Fonds Paroisse Saint-Jean-Baptiste de Pembroke (C27), Ph25-2.

Courtoisie de l’Université d’Ottawa, Centre de recherche en civilisation canadienne-française (CRCCF).

Jeanne Lajoie, Teacher in Warran, Azilda Naughten, Blezard Valley and the Joan of Ark School of Pembroke, Named the “Maid of Pembroke” (1923-1926) During Regulation 17, ca.1923, University of Ottawa, CRCCF, Fonds Paroisse Saint-Jean-Baptiste de Pembroke (C27), Ph25-2.

Courtesy of Courtesy of the University of Ottawa, Centre for Research on French Canadian Culture (CRCCF).

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Dix années après les gestes posées par les sœurs Desloges à l’école Guigues d’Ottawa, une jeune institutrice originaire de Lefaivre (Ontario), celle que l’on a surnommée la « pucelle de Pembroke », s’oppose à son tour à une persécution en défiant sa commission scolaire locale en enseignant dans une école indépendante : l’école libre de Pembroke.

Munie d’un certificat d’enseignement bilingue de l’École modèle de Vankleek Hill, Jeanne Lajoie enseigne à Warren, à Azilda, à Naughton et à Blezard Valley avant d’être embauchée en 1923, à la St. John School de Pembroke. C’est à la demande des parents francophones qu’elle accepte le poste pour dispenser des cours en français. Mais le climat créé par la promulgation du Règlement XVII, qui perdure jusqu’en 1927, interdisant l’utilisation du français pour l’enseignement dans les écoles ontariennes après la 2e année, sauf pour les cours de français, exacerbe les tensions au point que, peu après son arrivée, la commission scolaire — composée majoritairement de commissaires irlandais catholiques — décide de la renvoyer sous le prétexte qu’une religieuse irlandaise à l’école pouvait enseigner la langue française.

Jeanne Lajoie prend l’initiative d’écrire à l’Association canadienne-française d’éducation d’Ontario (ACFÉO), aujourd’hui appelée Association canadienne-française de l’Ontario, pour l’informer de la situation. Des parents de Pembroke font signer une pétition demandant à la commission scolaire locale de reprendre Jeanne Lajoie ou d’engager une personne véritablement capable d’enseigner le français. Face au refus des autorités de revenir sur leur décision, le Cercle Lorrain, une association sous le leadership de son président, Alfred Longpré, crée une école libre dans une maison privée de Pembroke. Moins de deux mois après le renvoi officiel de Jeanne Lajoie, 55 élèves francophones se présentent à sa première classe sous les yeux de nombreux journalistes et de représentants de l’ACFÉO. Elle y enseigne pendant trois ans, secondée par une deuxième institutrice.

Durant ses vacances d’été, Jeanne Lajoie s’emploie à recueillir des fonds pour ce qu’elle appelle son œuvre, c’est-à-dire l’école libre nommée Jeanne d’Arc. Elle devient rapidement une figure de proue et les journaux de langue française du Québec et de l’Ontario font connaître la lutte qu’elle et ses compatriotes de Pembroke livrent pour faire reconnaître leur droit à un enseignement en français. De santé fragile depuis sa naissance, elle quitte l’enseignement en 1926, et entre dans un sanatorium au Québec.

Née le 2 février 1899, elle meurt à Montréal (Cartierville) le 2 mars 1930 à l’âge de 31 ans.

Un livre, L’Éveil de la race : un épisode de la résistance franco-ontarienne, publié en 1930, ainsi qu’une pièce de théâtre, évoquent son souvenir. Deux écoles primaires (Ottawa et Toronto) et une école secondaire (Ottawa) portent son nom.

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Ten years after the gestures posed by the Desloges Sisters to the Guigues School of Ottawa, a young teacher originally from Lefaivre (Ontario), the one that has been nicknamed the “Maid of Pembroke,” in her turn opposed persecution by defying her local school board by teaching at an independent school: the Pembroke Free School.

Equipped with a bilingual teaching certificate from the Vankleek Hill Model School, Jeanne Lajoie taught at Warren, Azilda, Naughton and Blezard Valley before being hired in 1923 at the St. John School in Pembroke. It was the request of the Francophone parents that she accept the position so she could teach classes in French. But the climate created by the promulgation of Regulation XVII, that lasted until 1927, prohibiting the use of French in education in Ontario schools after the 2nd year, except for French courses, exacerbated tensions to the point that, shortly after her arrival, the school board—composed mainly of Irish Catholic commissioners—decided to send her away under the pretext that an Irish nun at the school could teach French.

Jeanne Lajoie took the initiative to write to the Association canadienne-française d’éducation d’Ontario (French Canadian Education Association of Ontario) (ACFÉO), now called the Association canadienne-française de l’Ontario (French Canadian Association of Ontario), to inform them of the situation. The parents from Pembroke signed a petition asking the local school board to rehire Jeanne Lajoie or to hire a person truly able to teach French. Faced with the refusal of authorities to reconsider their decision, the Cercle Lorrain, an association under the leadership of its president, Alfred Longpré, created a free school in a private house in Pembroke. Less than two months after the official return of Jeanne Lajoie, 55 French students came to the first class witnessed by many journalists and representatives of ACFÉO. She taught there for three years, assisted by a second teacher.

During her summer vacation, Jeanne Lajoie worked to raise money for what she called her oeuvre (“masterwork”), that is to say, the free school called Joan of Arc. She quickly became a figurehead and the French language newspapers in Québec and Ontario publicized the struggle she and her compatriots from Pembroke went through for recognition of their right to an education in French. Of delicate health from birth, she left teaching in 1926, and entered a sanatorium in Québec.

Born February 2nd, 1899, she died in Montréal (Cartierville) on March 2nd, 1930 at the age of 31.

A book, L’Éveil de la race : un épisode de la résistance franco-ontarienne, published in 1930, as well as a play, evoke her memory. Two primary schools (in Ottawa and Toronto) and one high school (in Ottawa) bear her name.

Réseau du patrimoine franco-ontarien
Source

Centre de recherche en civilisation canadienne française (CRCCF) de l’Université d’Ottawa

Le CRCCF s’intéresse à la société et à la culture des communautés francophones de l’Amérique du Nord d’hier et d’aujourd’hui. Il mène des activités de recherche et de diffusion du savoir en plus de conserver et de mettre en valeur une riche collection de ressources documentaires. Dans le monde de la recherche universitaire sur les francophonies canadiennes, le CRCCF se distingue par le développement en synergie de ces trois volets d’activité : archives, recherche et publications.

Centre for Research on French Canadian Culture at the University of Ottawa

The Centre for Research on French Canadian Culture (Centre de recherche en civilisation canadienne-française or CRCCF) of the University of Ottawa was founded in 1958 and offers a range of specialized services to the university, faculty and students, as well as the public at large. An abundance of research material (textual documents, photographs, audio and video tapes, newspapers and periodicals) on French Canada is available at the Centre’s archives.


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