Inauguration d’un monument élevé sur le site de Sainte-Marie-au-pays-des-Hurons, 1925, artiste inconnu, Sanctuaire des martyrs (Midland).

Courtoisie des Archives du Sanctuaire des martyrs canadiens.

Unveiling of a Monument Erected on the Site of Saint-Marie-Among-the-Hurons, June 21, 1925, Artist Unknown, Martyrs’ Shrine (Midland).

Courtesy of  Archives of the Canadian Martyrs’ Shrine (ACMS).

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Sainte-Marie, bourgade de la Nouvelle-France

Pourquoi cette mission fortifiée a-t-elle vu le jour en 1639 dans un endroit aussi éloigné du cœur d’une Nouvelle-France encore fragile et embryonnaire, soit à 1 200 km ou 30 jours de canot et une quarantaine de portages de la ville de Québec ? La réponse est simple : la quête d’âmes et de fourrures. Dès les débuts de la Nouvelle-France, les Français sont animés par des mobiles économiques, ils veulent tirer des profits du commerce des fourrures, ainsi que spirituels, ils cherchent à convertir les Amérindiens au catholicisme. Même si l’évangélisation sera la fonction principale de l’établissement, Sainte-Marie servira ces deux intérêts.

En 1610, un premier Européen foule le territoire habité par les Ouendats  (baptisés Hurons par les Français) au bord de la baie Georgienne, à environ 160 km au nord de la ville actuelle de Toronto. C’est le jeune Étienne Brûlé qui travaillera comme interprète auprès des Ouendats. Cinq ans plus tard, Samuel de Champlain et le père récollet Joseph Le Caron viennent en Huronie, le premier pour solidifier une alliance militaire et commerciale avec les Ouendats, le deuxième pour entamer leur conversion. Pour les missionnaires, les Ouendats représentent de bons candidats pour la conversion car ils sont sédentaires, contrairement à bon nombre d’autres peuples amérindiens.*

En 1626, les pères jésuites prennent la relève des récollets. Jean de Brébeuf, un des plus illustres missionnaires de la Nouvelle-France, s’installe alors en Huronie. Nommé supérieur de la mission Sainte-Marie aux Hurons en 1634, Brébeuf participera à la fondation de la première communauté européenne située aussi loin à l’intérieur du continent nord-américain. Avec Sainte-Marie, les  missionnaires français visent à créer une base d’opération au sein du territoire des Ouendats où ils pourront se rencontrer et s’approvisionner pour ensuite retourner prêcher dans la vingtaine de villages ouendats des alentours.

[…] En 1639, une douzaine de Français érigent donc une première maison construite dans un style rudimentaire, en piliers. Au cours de la décennie suivante, Sainte-Marie deviendra un véritable petit village comprenant 22 édifices, dont une forge, deux églises, un réfectoire, un hôpital, des ateliers, des champs cultivés et une étable. Une section de la mission est réservée aux autochtones convertis, qui disposent de leur propre chapelle, sans plancher, pour ne pas empêcher la libre circulation des okis, ou esprits de la terre, selon la croyance ouendate. Les effectifs de la mission finiront par atteindre 18 prêtres missionnaires, secondés par de nombreux laïques, des frères, des donnés (c’est-à-dire des hommes engagés bénévolement qui « se donnent » au service des jésuites) et même quelques soldats pour assurer leur protection. En fait, en 1648, Sainte-Marie compte 66 Français. Dans le contexte de la Nouvelle-France de cette époque, qui ne compte encore qu’une faible population européenne,  c’est un nombre important.*

Missionnaires et marchants main dans la main

Si la mission connaît du succès, c’est en partie parce que les relations commerciales entre les Ouendats et les Français continuent à prendre de l’expansion malgré d’importants contretemps, comme le signale l’historien Bruce Trigger: « […] après les terribles épidémies qui ravagèrent le pays huron, le commerce des fourrures ne fut pas inférieur à ce qu’il avait été avant 1629, tant sur le plan du volume des fourrures fournies que du nombre des Amérindiens qui se présentèrent pour les échanger aux Français. Comme auparavant, les Hurons continuèrent probablement de fournir près de la moitié du total des fourrures exportées de Québec chaque année, soit de 12 000 à 16 000 peaux. »*

En fait, la prospérité des Ouendats se fonde sur leur capacité à commercer avec d’autres Premières Nations pour obtenir des fourrures, ce que l’historien Conrad Heidenreich attribue à deux facteurs : « […] d’abord l’importante population de la Huronie et son économie agricole qui fournissait  de la nourriture pour les commerçants et permettait à certains de se spécialiser dans ce travail. L’agriculture chez les Hurons était surtout effectuée par les femmes. Entre les saisons de pêche du printemps et de l’automne les hommes pouvaient [donc] vaquer à d’autres tâches, dont l’une était le commerce. »*

Cette prospérité a cependant un prix. Plus les Ouendats commercent avec les Français pour obtenir de nouveaux produits dont ils apprécient l’efficacité, comme les haches, couteaux et autres outils de fer, moins ils consacrent de temps à leurs activités traditionnelles de subsistance et de fabrication d’objets ouendats. En conséquence, ils deviennent dépendants des Français et du commerce des fourrures.* De plus, à compter des années 1630, les Français, bien malgré eux, sont la cause d’une série d’épidémies de grippe, de rougeole et de petite vérole qui déciment de façon brutale la population ouendate qui passe d’environ 30 000 à 10 000 en quelques années.

Une fin catastrophique dans le feu et le sang

Au moment où la mission jésuite de Sainte-Marie-aux-Hurons atteint son apogée, en 1649, elle connaît une fin catastrophique. Cette année-là, en effet, tout conspire contre la mission. En effet, dans les villages ouendats avoisinants, il existe de profondes divisions entre les traditionalistes et les autochtones qui se sont convertis au christianisme, comme l’explique Bruce Trigger: « Il est indéniable que la présence de minorités chrétiennes dans les divers villages hurons crée de nouvelles tensions  […] Jamais auparavant l’unité de la société huronne n’avait été autant menacée, et les traditionalistes se trouvaient pour la première fois aux prises avec une attaque rangée contre la culture ancestrale. »*

De même, la présence des Européens exacerbe les rivalités traditionnelles entre les Ouendats et les Iroquois qui habitent plus au sud, au point de mener à une guerre dévastatrice que les Iroquois remporteront.  En mars 1649, plusieurs centaines d’Iroquois détruisent les villages ouendats de Saint-Louis et de Saint-Ignace, situés tout près, à l’est de Sainte-Marie. Les missionnaires jésuites Gabriel Lalemant et Jean de Brébeuf sont capturés, torturés puis tués.  La situation devenue intenable pour les Français les pousse à prendre une décision pénible. Le père Paul Ragueneau, troisième et dernier supérieur de la mission Sainte-Marie, met lui-même le feu à la mission en juin 1649.*

[…] Pour l’ensemble des Ouendats, leur destin sera bouleversé à tout jamais. Par familles, par petits groupes, parfois par villages entiers, les clans et les nations se dispersent aux quatre vents. Parmi eux, quelques centaines de Ouendats traditionnalistes seront adoptés par les Iroquois et deviendront de féroces ennemis des Français. Pendant plus de deux siècles, les ruines de Sainte-Marie resteront enfouies sous la terre.

Des fouilles, puis une reconstruction

La région de la Huronie restera inhabitée jusqu’à la fin des années 1700. Au siècle suivant, les communautés avoisinantes de Penetanguishene et de Midland verront le jour. En 1844, le jésuite français, Pierre Chazelle, visite les lieux et en fait une description pour ses supérieurs en France.*  En 1855, ce sera au tour d’un autre jésuite, Félix Martin, d’effectuer des fouilles sur le site pour découvrir les ruines de la mission.*  Il n’y aura pas de suite immédiate à ces fouilles. Dans les années 1920, la campagne pour obtenir la canonisation des huit martyrs canadiens morts en Nouvelle-France, dont Jean de Brébeuf et Gabriel Lalemant, suscite un grand intérêt pour le site de Sainte-Marie, comme l’atteste ce commentaire du jésuite E.J Devine: « Le séjour au Fort Sainte-Marie de ces premiers Missionnaires (sic) et en particulier de six de nos Bienheureux Martyrs, suffirait à faire considérer cet endroit vénérable. […] Le parfum de leurs vertus embaume encore cet endroit, un des sanctuaires les plus saints et les plus vénérables de ce Continent (sic).  On profitera de leur Béatification, le 21 juin 1925, évènement unique dans l’histoire ecclésiastique du Canada, pour raviver l’attention sur le Fort Sainte-Marie. »*

Ce jour-là, les jésuites du Haut-Canada célèbrent une messe sur le site des ruines pour fêter la béatification des huit martyrs.*  L’événement attire plus de 6 000 personnes. Les jésuites font alors l’achat d’un terrain en pente de l’autre côté de la route et, un an plus tard, en 1926, l’église commémorative du Sanctuaire des Martyrs est ouverte et attire les pèlerins en grand nombre. En 1940, les jésuites font l’acquisition du terrain où se trouvent les ruines de Sainte-Marie. Ils songent déjà à une reconstruction complète de la mission et, pour cette raison, invitent les archéologues à venir effectuer des fouilles. En 1941, Kenneth Kidd y mène des travaux archéologiques scientifiques pour le compte du Musée royal de l’Ontario. Son équipe réussira à déterrer la majeure partie de la section centrale de la mission et compilera une documentation minutieuse. Néanmoins, faute d’argent, ces travaux sont arrêtés en 1943.

D’autres fouilles seront entreprises entre 1947 et 1951 par Wilfrid Jury, conservateur du musée d’archéologie de l’Université Western: « C’est à peu près à cette époque qu’un promoteur civique de la région, W. H. Cranston, a commencé à s’y intéresser.  Lui-même  un baptiste, William Herbert Cranston voyait dans Sainte-Marie le potentiel d’une manne économique. Le Sanctuaire des Martyrs surplombant le site archéologique attirait, selon ses calculs,  250 000 pèlerins  catholiques chaque année. »*

Cranston approche le gouvernement conservateur de l’Ontario pour l’inciter à développer Sainte-Marie. Le 19 mars 1964, le Huronia Historical Development Council voit le jour, avec Cranston comme président, pour mener à terme le projet. La seule réticence du gouvernement vient des inquiétudes suscitées par les aspects catholique et français du site historique qui pourraient froisser la majorité protestante anglophone de la province.*

Un projet de reconstruction difficile et controversée

Ainsi, la province de l’Ontario décide que Sainte-Marie deviendra sa huitième grande attraction touristique au coût de 1,25 million de dollars. Le site est inauguré officiellement en août 1967 par le premier ministre ontarien John Robarts, même s’il est déjà ouvert au public depuis un an. La tâche de la reconstruction a été difficile, car aucun plan du maître charpentier d’origine, Charles Boivin, n’a été découvert. Même les jésuites ont très peu décrit les édifices de leur mission dans leurs nombreux écrits. D’ailleurs, les deux archéologues qui ont mené les fouilles, Jury et Kidd, n’ont pas interprété le site de la même manière. De plus, « […] tandis que Kidd et d’autres hésitaient à “visualiser” Sainte-Marie “comme elle aurait pu être”, Jury était disposé à utiliser son imagination. »*  Ainsi, s’appuyant sur ses connaissances et son expérience, Jury a laissé son intuition le guider dans l’élaboration de théories que certains spécialistes ont contestées. Par exemple, l’étroit canal et le système d’écluse qui passe de la rivière Wye jusqu’à l’intérieur de la mission reconstruite ne reposent que sur des suppositions.

À l’origine, en 1965, les concepteurs du projet de Sainte-Marie poursuivaient trois objectifs principaux : l’éducation publique, l’augmentation du tourisme dans la région de la baie Georgienne et l’unité nationale canadienne. Bas Mason, le consultant embauché pour développer le projet, écrivait même qu’une : « […] amélioration des relations entre le Québec (et de façon générale les Canadiens de langue française) et l’Ontario (et les Canadiens de langue anglaise) pourrait s’avérer le plus grand bénéfice qui découlera de Sainte-Marie […] »* Quatre ans plus tard, lors de l’inauguration du musée de Sainte-Marie érigé à côté de la mission, le premier ministre ontarien de l’époque, William Davis, confirme que la vocation pédagogique du site est prioritaire : « Sainte-Marie a été établie pour l’enseignement. Sainte-Marie a été reconstruite pour l’enseignement. »* […]

Une histoire vivante et moderne pour l’époque

Dans les années 1970, Sainte-Marie peut se vanter d’être à la fine pointe de la muséologie moderne. Le visiteur pénètre d’abord dans un foyer d’accueil où il visionne un court métrage qui met en vedette des acteurs muets et costumés avec une narration qui relate le drame. Dans la dernière séquence du film, on voit à l’écran le père Ragueneau en train de mettre le feu à sa propre mission suivi d’un gros plan des flammes qui lèchent les lettres IHS taillées dans le bois (le nom de Jésus en grec).  Soudainement, l’écran se met à monter pour révéler l’entrée principale de la mission reconstruite. Même si le film a, depuis, été remplacé par un diaporama, l’écran qui s’ouvre de façon dramatique sur le site sert toujours d’introduction saisissante à Sainte-Marie.

À l’intérieur de l’enceinte, le visiteur rencontre des interprètes costumés en jésuites, en frères laïques, en donnés et en autochtones. Il peut s’entretenir par exemple avec le forgeron tandis que ce dernier fabrique une hache en fer, un des produits français les plus prisés par les Ouendats qui, avant l’arrivée des Européens, ne connaissaient pas le travail des métaux. Dans la maison longue ouendate, il peut rencontrer une interprète autochtone habillée de vêtements français et amérindiens. Cette habitation, capable de loger 45 personnes, est souvent l’élément qui impressionne le plus les visiteurs européens qui sont nombreux à se passionner pour le mode de vie des Amérindiens. Une gamme variée d’activités quotidiennes est proposée au visiteur pendant la saison estivale pour l’informer des pratiques et coutumes de cette époque, comme des démonstrations de production du feu, l’arrivée d’un canot, ou encore des contes et des jeux des Premières Nations. Chaque année, le site historique organise également des événements spéciaux, notamment le Festival autochtone (21 juin), le Jour des Franco-Ontariens (25 septembre) et les Premières lueurs de Sainte-Marie en décembre.

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SAINTE-MARIE-AMONG-THE-HURONS

Sainte-Marie, a small New France village

Why was this fortified mission ever built in 1639 in an area so remote and far-flung from the heart of a still fragile and fledging New France, 1,200 km or 30 days by canoe and around 40 portages from Quebec City? The answer is simple: the quest for souls and furs. From the very outset of New France, the French are motivated by two goals, one being monetary— they seek to make a profit from the fur trade— and the other being spiritual— they hope to convert the Amerindians to the Catholic religion. Even though evangelization will be the primary function of the settlement, Sainte-Marie will serve both of these interests.

In 1610, a European visits for the first time the territory occupied by the Wendats (given the name Hurons by the French) on the shores of Georgian Bay, at approximately 160 km north of present-day Toronto. He is the young Étienne Brûlé, who will work as an interpreter among the Wendat. Five years later, Samuel de Champlain and the Recollet priest Joseph Le Caron come to Huronia, the former to solidify a military and commercial alliance with the Wendats, the latter to begin their conversion to Christianity. For the missionaries, the Wendats represent good candidates for conversion since, contrary to many of the other Native peoples, they are sedentary.*

In 1626, the Jesuit fathers take over from the Recollets. Jean de Brébeuf, one of New France’s most illustrious missionaries, takes up residence in Huronia. Brébeuf is named the superior of the Sainte-Marie mission to the Hurons in 1634, and will participate in founding the first European community to be established so far in the interior of the North American continent. By establishing Sainte-Marie, the goal of the French missionaries is to create a base for their operations in the Wendat territory where they will be able to meet and obtain supplies to then head back out to the twenty or so surrounding Wendat villages to continue preaching.

[…] Thus, in 1639, a dozen Frenchmen erect the first dwelling in the rudimentary “en piliers” or post style. Over the following decade, Sainte-Marie will become a virtual small village comprising 22 buildings, including a blacksmith’s shop, two churches, a refectory, a hospital, several workshops, cultivated fields, and a stable.

A part of the mission is reserved for Native converts, who have their own chapel, with only a dirt floor, in order to allow the okis, or spirits of the earth, to circulate freely, in accordance with Wendat beliefs. The personnel of the mission will reach a peak of 18 missionary priests, who are supported in their efforts by many lay people, lay brothers, donnés (a term derived from the French verb donner, to give, to designate this group of men that offer their services for free to the Jesuits), and even a few soldiers to ensure their protection. In fact, in 1648, there are a total of 66 Frenchmen at Sainte-Marie. In the context of the New France of this period, with its scant European population, this is quite a significant number.*

Missionaries and merchants hand in hand

If the religious mission is successful, it is in part because the commercial relations between the Wendat and the French continue expanding despite some major setbacks, as notes historian Bruce Trigger.

“[…] not only the total amount of trade with the French, but also the number of Huron who were participating in it, were no less after the epidemics than they had been prior to 1629. As before, the Huron probably provided close to half of the total number of furs exported from Quebec each year, which probably meant 12,000 to 16,000 skins.”*

In fact, the prosperity of the Wendats is based on their ability to trade with other First Nations to obtain furs. Historian Conrad Heidenreich explains the reasons for this success:

“The development of Huron trade, and its effective execution in spite of the epidemics, seems to be founded on two fundamental factors. These were the large population of Huronia and their agricultural economy, which provided food for the traders and allowed some to specialize in this occupation. Huron agriculture was largely operated by the women. Between the spring and fall fishing seasons the men could carry out other tasks, among which trading was one.”*

But this prosperity comes at a price. The more the Wendats trade with the French to obtain new products that they consider very useful, like axes, knives or other iron tools, the less time they devote to their traditional subsistence activities and production. Thus, they become dependent on the French and the fur trade.*  To make matters worse, starting in the 1630s, the French are unintentionally the cause of a series of epidemics of influenza, smallpox, and measles that brutally decimate the Wendat population from 30,000 to 10,000 in just a few years.

A bloody and catastrophic end by fire

Just at the time when the Jesuit mission of Sainte-Marie reaches it peak, in 1649, it comes to a catastrophic end. That year, in effect, everything is conspiring against the mission. In the neighbouring Wendat villages there are now profound divisions between traditionalists and those among the Huron converted to the Catholic faith, as explains Bruce Trigger.

“There can be no doubt that the development of Christian factions in various Huron villages gave rise to new tensions that cut across the segmentary structure of the lineages, clan segments, and tribes. […] The unity of Huron society had never before been threatened in this manner and the traditionalists were faced for the first time with an organized threat to the Huron way of life.”*

As well, the presence of the Europeans exacerbates the traditional rivalries between the Wendat and the Iroquois that live further south, leading to a devastating war that the Iroquois win. In March of 1649, several hundred Iroquois destroy the Wendat villages of Saint-Louis and Saint-Ignace, located just to the east of Sainte-Marie. The Jesuit missionaries Gabriel Lalemant and Jean de Brébeuf are captured, tortured, and then killed. The desperate situation in which the French find themselves force them to make a painful decision. Father Paul Ragueneau, the third and last superior of the Sainte-Marie mission, sets fire to the mission himself in June 1649.*

[…] For the Wendat people as a whole, their destiny will be radically altered forever. The clans and the nations are dispersed to the wind, family by family, in small groups and sometimes by entire villages. Among them, a few hundred traditionalist Wendat will be adopted by the Iroquois and become ferocious enemies of the French.

For more than two centuries, the ruins of Sainte-Marie will remain buried in the earth.

Archaeological excavations, and then a reconstruction

The Huronia area will remain uninhabited until the end of the 1700’s. During the next century, the neighbouring communities of Penetanguishene and Midland are established. In 1844, the French Jesuit Pierre Chazelle visits the site and sends a description of it to his superiors in France.*  In 1855, another Jesuit, Félix Martin, follows suit and unearths the ruins of the mission.*  But in the short term, nothing comes of these excavations. In the 1920’s, the campaign to encourage the Vatican to canonize the eight Canadian martyrs killed in New France, including Jean de Brébeuf and Gabriel Lalemant, sparks great interest in the Sainte-Marie site, as this comment by the Jesuit E. J. Devine illustrates.

“ The sojourn at Fort Ste. Marie of those early missionaries, six out of the eight men who have been ranked officially among the Saints, would alone suffice to single out the spot on Georgian Bay as one of unique historic interest. […] The fragrance of their virtues still pervades the site, making it one of the holiest and most venerable shrines on this Continent (sic). The occasion of their Beatification, an event unique in the history of the Church in Canada, was seized to draw attention to Fort Ste. Marie’s claim for recognition.”*

On June 21st, 1925, the Jesuits of Upper Canada say mass on the site of the ruins to celebrate the beatification of the eight martyrs.* The event attracts over 6,000 people. The Jesuits then purchase the hill across the road and, a year later, in 1926, the commemorative Martyr Shrine is opened and draws large numbers of pilgrims. In 1940, the Jesuits acquire the land where lie the ruins of Sainte-Marie. They are already contemplating the possibility of a complete reconstruction of the mission and, to this end, invite archeologists to come and carry out excavations. In 1941, Kenneth Kidd, working for the Royal Ontario Museum, conducts methodical archeological excavations. His team will manage to unearth the better part of the central section of the mission and compile detailed documentation. Nevertheless, in 1943 this work is halted for lack of funds.

Other excavations will be undertaken between 1947 and 1951 by Wilfrid Jury, the honorary curator of the University of Western Ontario’s Museum of Indian Archeology and Pioneer Life.

“It was about this time that a local civic booster, W. H. Cranston, began to take interest. A Baptist himself, William Herbert Cranston saw in Sainte-Marie a potential economic boom. The Martyr Shrine overlooking the archeological site attracted, by his estimates, 250,000 Catholic pilgrims annually.”*

Cranston approaches the Ontario Conservative government to encourage it to develop Sainte-Marie. On March 19th, 1964, the Huronia Historical Development Council is created, with Cranston as chairman, to bring the project to fruition. The only misgivings the government has about the project stem from the Catholic and French overtones of the historic site, which it fears may upset the province’s Anglo-Saxon Protestant majority.*

A difficult and controversial reconstruction project

Thus, the province of Ontario decides that Sainte-Marie will become its eighth major tourist attraction at a cost of 1.25 million dollars. The site is officially opened in August 1967 by the premier of Ontario John Robarts, even though the public has already had access to the site for a year. The task of the reconstruction has proven difficult, since no plan made by the original master carpenter, Charles Boivin, has ever been found. Even the Jesuits themselves in their numerous writings offer very few descriptions of the buildings in their mission. As well, the two archeologists who conducted the excavations, Jury and Kidd, did not interpret the site in the same way.

“[…] while Kidd and others hesitated to ‘picture’ Sainte-Marie ‘as it might have been’, Jury was prepared to use his imagination. Uniquely endowed with an instinct for putting himself into the past, he applied his knowledge and experience to that instinct, and came up with theories about the site which some scholars found difficulty in accepting.”*

For example, the narrow canal and lock system that runs from the Wye River into the interior of the reconstructed mission is based only on suppositions.

At the outset, in 1965, those developing the Sainte-Marie project had three main objectives: public education, an increase in tourism in the Georgian Bay area, and national unity. Bas Mason, the consultant hired to develop the project, wrote that “improved relations between Quebec (and French language Canadians generally) and Ontario (and English language Canadians) could be the greatest benefit accruing from Ste. Marie […].”* Four years later, during the official opening of the Sainte-Marie museum built next to the mission, then Ontario premier William Davis confirmed that the site’s educational mandate remained a priority: “Sainte-Marie was founded to teach. Sainte-Marie was rebuilt to teach.”* […]

A living and modern history for the period

In the 1970s, Sainte-Marie can boast of being on the cutting edge of modern museology. Visitors to the site first enter a foyer where they watch a short film that features costumed non-speaking actors with a narrator recounting the tragic events. In the film’s closing sequence, the viewer sees Father Ragueneau on the screen setting fire to his own mission, followed by a close-up of the flames consuming the wooden inscription with the letters IHS (the name of Jesus, in Greek). Suddenly, the screen rises, revealing the mission’s reconstructed main entrance. Even if the film has, since then, been replaced by a slide show, the dramatic movement of the screen that opens onto the site still serves as a stunning introduction to Sainte-Marie.

Inside the mission compound, the visitor meets Aboriginal interpreters dressed in period costume as well as interpreters dressed as Jesuits, lay brothers, and donnés. They can converse, for instance, with the blacksmith as he shapes an axe head, one of the French products the Wendats, who had no knowledge of metal work prior to the arrival of the Europeans, cherished the most. In the Wendat longhouse, the visitor might meet a First Nations woman dressed in a combination of French and Amerindian clothes. This dwelling, which could accommodate 45 people, is often a feature of the site that most impresses European visitors, many of whom have a keen interest in traditional Native lifestyles. During the summer season, visitors are offered a whole array of daily activities that allow them to learn about the practices and customs of the period; for instance, fire-lighting demonstrations, the arrival of a canoe or First Nation stories and games. Every year, the historic site also organizes special events, notably the Aboriginal Festival and Day (June 21st), the Franco-Ontarian Day (September 25th), and First Light at Sainte-Marie in December.

Encyclopédie du patrimoine culturel de l’Amérique française, 2007:
Extrait de l’article « Sainte-Marie-au-pays-des-Hurons: joyau méconnu de la Nouvelle-France ontarienne » par Daniel Marchildon
Source

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Sanctuaire des martyres

Ce sanctuaire est dédié aux huit missionnaires jésuites qui sont morts en tentant d’évangéliser le peuple Huron de la région de 1625 à 1650. Les visiteurs peuvent apprendre l’histoire des martyres – Brébeuf, Lalemant, Daniel, Garnier, Chabanel, Jogues, Goupil et de Lalande – et, de façon périodique, avoir accès à des reliques religieuses. La collection du site comprend des photographies et des documents relatifs à la visite du pape Jean-Paul II en 1984, des oeuvres d’art, des photographies, des documents et des artefacts. Le sanctuaire central est fait de pierres blanches et possèdent un extérieur de style néogothique ; à l’intérieur, le plafond en panneaux de bois est sous forme de diamant inversé. Des services religieux, des processions, des pèlerinages, des conférences et des présentations vidéos ont lieu au sanctuaire.

Martyrs’ Shrine

This shrine is dedicated to the eight Jesuit missionaries who died while evangelizing the Huron people in the area to Christianity from 1625 to 1650. Visitors can learn about the history of the martyrs – Brébeuf, Lalemant, Daniel, Garnier, Chabanel, Jogues, Goupil and de Lalande – and periodically view religious relics. The site’s collection includes photos and records from the visit of Pope John Paul II in 1984, artwork, photos, documents and artifacts. The central shrine is made of white stone and has a Neo-Gothic exterior with a wood-panelled inverted “canoe” ceiling inside. Religious services, processions, pilgrimages, lectures and video presentations take place at the shrine.

Info: 16163 Highway 12 West, P.O. Box 7, Midland, ON, L4R 4K6
Tel: 705-526-3788
www.martyrs-shrine.com